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Inflation en France : « une situation presque inédite en soixante ans »
Le Monde.fr | 19.02.2015
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Cela ne s’était pas produit depuis octobre 2009. En janvier, l’indice des prix à la consommation français a reculé de 0,4 % sur un an, selon les statistiques publiées, jeudi 19 février, par l’Insee. Sur un mois, le recul est même de 1 %.
« C’est une situation presque inédite, décrypte Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo Securities, dans une note sur le sujet. En soixante ans, le cas ne s’est produit que durant quelques mois de 2009. À l’époque, le choc déflationniste avait pour cause la grave crise financière et la récession associée ». Faut-il s’inquiéter du chiffre du mois de janvier ? Comment interpréter cette baisse ?
Pourquoi les prix ont-ils baissé en janvier ?
Selon les économistes de l’Insee, cette forte baisse des prix sur le premier mois de l’année est principalement due aux soldes d’hiver. Le prix des produits manufacturés a ainsi reculé de 3,2 % sur un mois, et ceux de l’habillement, de 16,5 % !
Autre phénomène notable : la chute des prix de l’énergie, qui ont reculé de 7,1 % sur un an. « Plusieurs taxes sur les produits énergétiques ont été relevées en janvier 2015, mais, pour les produits pétroliers, la chute des cours a plus que compensé ces mesures fiscales : leur prix baissent de nouveau (-6 % en janvier) », explique ainsi l’Insee.
Peut-on dire que la France est en situation de déflation ?
Les économistes ne cessent de se diviser sur le sujet, car ils ne sont pas tous d’accord sur la définition de la déflation.
En théorie, celle-ci se définit par une baisse généralisée, durable et auto-entretenue des prix. Un scénario inquiétant, car les consommateurs, espérant profiter de prix plus avantageux encore, reportent alors leurs achats. Les entreprises se retrouvent alors avec des stocks sur les bras, puissent cessent d’embaucher, d’investir… L’ensemble de l’économie se bloque.
La France est-elle dans ce cas de figure ? A priori non, car la baisse des prix observée est essentiellement liée à la baisse des cours du pétrole. Or, celle-ci ne dépend pas des fondamentaux de l’économie française. Elle ne devrait donc pas durer.
Et surtout, elle n’est pas auto-entretenue. Avec un seul mois d’inflation négative, la France n’est donc pas en déflation. Les prix ne devraient se redresser que très lentement en 2015. L’inflation sera faible pendant longtemps encore, et ce, dans l’ensemble de la zone euro.
Cette situation est-elle positive ou négative pour les Français ?
À court terme, l’inflation négative est favorable au pouvoir d’achat des Français et donc, à la croissance. En revanche, l’épargne des ménages est pénalisée. Le taux du Livret A, le produit d’épargne le plus populaire de notre pays, est en effet indexé sur l’inflation. Pour l’instant, son taux est toujours de 1 %.
En théorie, l’application de la formule aurait dû conduire à une baisse de 0,75 point le 1er février dernier. Le taux du Livret A serait alors tombé 0,25 %. Mais le gouvernement a choisi de le maintenir à 1 %, pour limiter la désaffection pour ce produit d’épargne.
Mais si l’inflation reste aussi faible ces prochains mois, il aura du mal à justifier le maintien de ce taux.
Source : le monde.fr, M Charrel